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La chartreuse de la Valsainte: Performance "Valsainte", Musée de Charmey

Augustin Pasquier, Performance "Valsainte" 2017, Photo Elise Meyer

Ce soir-là, sans rien me dire, Vincent était sur place pour filmer la performance...

Performance "Valsainte »
Musée de Charmey, 11 novembre 2017, de 17h-23h

Extrait du site du Musée (http://www.musee-charmey.ch)

"Cette peinture monumentale de 16m2, réalisée en une soirée, est inspirée d’un souvenir qui remonte à 26 ans. Alors fraîchement diplômé des beaux-arts, il reçoit une commande d’un professeur d’Université affectionnant particulièrement la Valsainte. En repérage sur les collines avoisinantes du couvent l’artiste, accompagné de son père, fait une rencontre qui l’emmènera dans la très secrète et mystérieuse Valsainte. Guidée par la réminiscence de cette visite improvisée, la main de l’artiste conquerra tout un mur du Musée Charmey."

Ce soir-là, sans rien me dire, Vincent était sur place pour filmer la performance...

... je suis retombé sur une petite étude de La Valsainte que j’avais réalisée alors : il y a 26 ans.

L’histoire du frère boulanger, petit Prince et sa rose, l’alerte frère couvreur aux gestes si délicats avec les abeilles...  (texte lu lors de la performance)

Augustin Pasquier, Performance "Valsainte" 2017, Photo Marko Vrtacic

La Valsainte

(texte lu lors de la performance)

J’étais alors jeune artiste sorti des Beaux-Arts et j’avais reçu de mon père une commande pour un professeur de l’Université de Fribourg qui avait une affection particulière pour la chartreuse de La Valsainte. M’étant fait conduire sur les lieux, je me suis retrouvé avec mon père devant un mur et une perspective difficile à exploiter. Cherchant une vue plongeante, nous avions grimpé dans la forêt en amont du couvent. Là, nous rencontrons un frère de La Valsainte que nous prenons d’abord pour un simple promeneur. Il nous salue et nous propose de le suivre pour nous montrer son « biotope ». Nous escaladons à sa suite une pente raide, dans une forêt de sapins et nous arrivons dans une toute petite clairière, où le frère nous dit : « voilà ma rose ». Il venait chaque jour s’occuper de son rosier. Après l’avoir arrosé, il nous propose de le suivre sur d’autres pentes, pour nous faire découvrir un meilleur point de vue sur la chartreuse. Puis il nous fait entrer dans l’enceinte du couvent pour une incroyable visite improvisée qui a duré près de trois heures...

Il se présente, c’est le frère Joseph, le frère boulanger. Il nous fait visiter sa boulangerie. Il nous entraîne dans une des cellules, ces petites maisons à deux étages. Nous déambulons dans les couloirs, visitons l’église. Il nous fait même visiter la cave où il nous expose les problèmes architecturaux, les murs qui se fissurent, les infiltrations qui menacent. Nous nous retrouvons enfin dans un jardin extraordinaire avec des abricotiers. Nous goûtons quelques fruits. Puis il nous présente le frère couvreur, petit homme de 90 ans avec une longue barbe, qui courait sur les toits et avait une autre fonction, s’occuper d’un très grand rucher, ce qu’il faisait sans aucune protection, affirmant que les piqures d’abeilles était bonnes pour ses rhumatismes. Nous avons des discussions avec d’autres frères encore. Devant notre étonnement à visiter ce lieu d’habitude si fermé, les frères nous disent avec beaucoup d’humour et d’esprit critique: « nous avons déjà beaucoup donné à la chartreuse, nous avons bien le droit de vous faire visiter le couvent. »

Cette visite, dont je n’avais conservé en mémoire que quelques bribes – l’histoire du frère boulanger, petit Prince et sa rose, l’alerte frère couvreur aux gestes si délicats avec les abeilles – s’est précisée grâce à une discussion que j’ai eue récemment avec mon père à l’occasion de travaux dans son bureau. Alors que je l’aidais à décrocher les nombreux tableaux dont il a tapissé les murs à la manière des cabinets d’amateurs, je suis retombé sur une petite étude de La Valsainte que j’avais réalisée alors : il y a 26 ans.

Augustin Pasquier

Un cadeau! Ce soir-là, sans rien me dire, Romaine et Vincent étaient les premiers sur place, avec une caméra. Vincent a passé des heures pour mettre en forme les cinq heures de film en composant une magnifique musique qui réussit à faire résonner l'intuition et l'esprit à l'origine de ce moment.

Un coup de coeur à partager... Ecoutez chanter Vincent Donnet ("Les Oiseaux de Passage" revisité par les troubadours du 17)

Droit réservé pour le film: Délire urbain production (vincentdonnet77@gmail.com)