Des travaux en gestation, matière première de nombreuses peintures. Mais aussi un travail en soi, toujours en cours. Matière première, au sens alchimique du terme, avec une croyance que le temps fait son œuvre, et que je ne suis pas seul à réaliser ce travail, qu’il y a une part inconsciente qui, elle, prend le temps. Ce sont des petits formats d’un maximum de 30 cm, dont le nombre pourrait atteindre 50'000 ou plus. Des milliers de feuilles. Des centaines de livres, de revues, de cahiers, de notes, ont été découpés. Les travaux déjà réalisés sont redessinées ou recouvertes de peinture, sont signés et datés, puis reposent deux ans, cinq ans ou plus dans un des nombreux cartons entreposés dans mon atelier. Le travail est réalisé dans l’urgence, de manière boulimique, avec parfois des interventions rapides, minimales : une dizaine de coups de pinceau, la silhouette d’un personnage. Puis, on passe à la feuille suivante. Certaines peintures ont été retouchées 5 ou 6 reprises, parfois à 10 ou 20 ans d’intervalle.

Ce travail de grande ampleur que j’ai intitulé « Mysterium et pictura » est constitué de petits formats d'une ampleur démesurée. Il a pris forme il y a environ vingt ans au moment où ma peinture s'est mise à explorer la dimension religieuse. Un travail secret, jamais exposé. Des centaines et des centaine de livres, de revues, de cahiers, de notes, ont été découpés et recouverts de crayon et de peinture pour atteindre plus de 50'000 petits formats. Le fil rouge est l’Evangile. Ce dernier est partagé en plus de 300 chapitres. Un choix de 20 à 50 travaux est régulièrement classé dans un petit dossier. Les refusés sont relégués dans les cartons et attendront leur heure, pour réapparaître quelques années plus tard. D’autres thèmes de même format sont réalisés simultanément : l’Ancien Testament, la mythologie, le nu, la femme, l’homme, le paysage ou des thèmes difficilement classables. Le mystère : c’est un pan de mon activité, qui a toujours fait partie de moi. Un travail un peu fou, proche de la folie, que je poursuis et qui me poursuit, c’est plus fort que moi!